Sydney : ira, n'ira pas ?
Depuis notre traversée Sibérienne nous passons régulièrement du temps à nous réorganiser pour la fin de notre périple. Nous avons accumulé les informations au fur et à mesure et changé d'avis a peu près toutes les semaines... Ou vous livre ici l'état de nos réflexions.
Nous avons récupéré notre camion à Bornéo et avions prévu de passer la frontière terrestre de la Malaisie vers l'Indonésie sur cette ile. De là nous pensions prendre le ferry pour Java, puis enchainer les iles avec des ferrys jusqu'au Timor. Il y a des vaisseaux qui partent de la capitale Dili pour rejoindre Darwin en 3 jours.
Mais il y a des hics:
- C'est la compagnie Bolloré qui tient le monopole sur cette liaison et ils chiffrent très cher ce transport, 5.000 euros pour si peu de distance...
- Nous avons eu de plus en plus de retour sur le processus de quarantaine australien: pour entrer il faut que le camion soit parfaitement propre, comme neuf, sans le moindre grain de poussière y compris dans le moteur, sans le moindre insecte, y compris dans toutes nos affaires personnelles, dans le radiateur etc., pas la moindre tâche de graisse. Cela nous demanderait un mois de travail à 5 personnes! A l'arrivée si ce n'est pas absolument impeccable les visites et revisites des inspecteurs font très très rapidement grimper la facture! Plus d'un ont dû rajouter 5.000 euros pour ce poste avec de petites Land Rover 4x4. C'est donc faisable, mais risqué financièrement.
- Et en faisant nos comptes nous arrivons tout pile à la fin de notre budget fin mars (soit après l'année de voyage prévue).
Différentes options s'offrent donc à nous:
- Soit nous empruntons de l'argent et nous continuons à bénéficier des allocations venues de Belgique et nous continuons à avancer vers l'Australie:
Mais avec tous les frais d'installation mis bout a bout nous allons nous trouver avec une grosse somme à rembourser... sans compter que nos dossiers d'équivalence ne sont pas tout à fait prêts... Donc nous avons petit à petit écarté cette option.
- Soit nous stockons le camion en Malaisie ou en Indonésie pendant un an, travaillons pendant cette période, et continuons par la suite:
Mais il fait très humide et nous avons peur que le camion ne se dégrade en un an sans être utilisé, et le problème de la quarantaine n'est pas résolu. Sans compter que la Malaisie et l'Indonésie sont des pays où nous entrons avec le Carnet de Passage, nous avons donc le droit d'y laisser le véhicule soit un an maximum, soit jusqu'au moment ou le Carnet de Passage expire. Pour nous mi-octobre, c'est donc cette date là qui compte. Et nous ne pensons pas avoir assez de temps pour économiser suffisamment en 6 mois. Il faudrait alors de nouveau retirer les enfants de l'école en milieu d'année et nous ne voulons pas répéter cela de trop.
- Soit nous vendons notre camion pour en acheter un autre en Australie :
C'est la solution retenue par de plus en plus de voyageurs comme nous. Beaucoup envoient directement leur véhicule de Kuala Lumpur au Canada lorsqu'ils veulent poursuivre leur voyage, pendant la période de traversée ils achètent un 4x4 en Australie qu'ils revendent dès qu'ils repartent.
Compte tenu du fait qu'il faut que nous retravaillons, et que nous devons de toute façon faire une pause nous pensons également que c'est la solution la plus simple pour nous.
Pour revendre le camion il y a des lieux plus propices que d'autres: l'Australie, les Etats-Unis, et l'Europe sont les lieux où la plupart des ventes se font pour ce genre de véhicule. Trop difficile de vendre en Asie avec un véhicule sous Carnet de Passage. Nous préférons donc le renvoyer à Anvers depuis Kuala Lumpur (port avec le plus de passage dans la région, donc les prix des shippings restent bas, et les taxes portuaires sont particulièrement faibles comparées aux autres ports). Pour nous ce sera une opération blanche financièrement car le prix de ce transport sera remboursé par la caution que nous récupérerons en Belgique lorsque nous y ramènerons notre camion et rendrons notre Carnet de Passage.
Depuis Bornéo nous allons donc finalement prendre un autre bateau pour la partie péninsulaire de la Malaisie, faire toutes les petites réparations nécessaires pendant la dizaine de jours qu'il nous restera, et renvoyer le camion depuis Kuala Lumpur vers Anvers pour tenter de le vendre. Auquel cas nous pourrons en racheter un en Australie!
Nous aurions pu l'utiliser encore quelques mois à peu de frais (toujours en empruntant de l'argent, mais beaucoup moins), pour traverser la Thaïlande, le Laos et le Cambodge avant de le renvoyer. Il y a une interdiction d'entrer avec un véhicule étranger en Thaïlande depuis deux ans, mais il semble que la plupart des voyageurs parviennent à la contourner et à rentrer par de petites frontières dont les noms circulent sur internet. Le Vietnam n'autorise pas les véhicules étrangers et on peut aussi visiter la Birmanie mais avec un guide, un groupe, et toute une organisation.
Mais, Johanna a déjà visité le Vietnam et le Cambodge, Nicolas a déjà visité la Thaïlande, et ces pays nous semblent très faciles à visiter sac au dos, les hébergements et transports étant très peu chers. Notre camion n'apparait donc pas clairement comme étant le meilleur moyen de crapahuter là (fils électriques très bas partout, scooters par milliers,...).
Dernier argument majeur et finalement décisif pour nous: la rentrée scolaire dans l'hémisphère sud était mi-février. Si nous voyageons encore en avril (Thaïlande) mai (Laos), et juin (Cambodge)... nos enfants vont perdre la moitié de l'année. Nous pourrions aussi les inscrire dans l'hémisphère nord mais cela retarde alors de 6 mois notre entrée en Australie (nous attendrions alors la fin de l'année scolaire, soit juin 2019). En effet, s'ils commencent le 1er avril dans l'hémisphère sud, ils n'auront "que" 6 semaines de retard, et l'année scolaire se termine mi-décembre 2018. Sur ces 9 mois de travail nous pensons pouvoir économiser suffisamment et terminer de préparer nos dossiers de façon à faire le dernier saut vers l'Australie à ce moment là.
Nous préférons donc terminer cette partie du voyage fin mars comme prévu et retravailler dès le 1avril dans l'hémisphère sud. Nicolas à postulé ces derniers mois dans différents endroits et nous avons finalement accepté un nouveau poste à Ouvéa dans les iles Loyauté! C'est au nord de la Nouvelle Calédonie. Nous y serons donc jusque mi-décembre et espérons rejoindre l'Australie par la suite.
Compte tenu de tous ces critères nous aurions aussi pu envoyer le camion de Séoul à Sihanoukville au Cambodge, comme nous l'avions d'abord prévu. Il nous aurait alors fallu retourner du Japon en ferry vers la Corée et retraverser le pays (450km), puis nous nous serions retrouvés dans la même situation de devoir laisser le camion à partir de fin mars et pendant 1 an au Laos cette fois (pas de Carnet de Passage pour ce pays - ce qui résolvait un des problèmes), et sans avoir de vraie solution pour la quarantaine. Nous n'aurions sans doute pas eu le temps de rejoindre Kuala Lumpur dans les temps pour renvoyer le camion en Belgique, et surtout, nous ne pouvions pas avoir la certitude d'entrer en Thaïlande. Finalement, nous préférions voir le Malaisie et surtout Bornéo que nous ne connaissions pas, plutôt que des pays que nous avions déjà visité.
Evidemment, si nous avions traversé la Chine nous aurions encore suffisamment de fonds sur notre compte pour payer la dernière traversée Kuala Lumpur (où nous serions déjà) à n'importe quelle ville australienne. Mais il n'est pas dit que nous aurions persisté à vouloir passer la quarantaine, nos dossiers n'auraient pas été prêts d'avantage... donc difficile d'imaginer ce que nous aurions effectivement fait, peut-être serions nous arrivés à la même solution.
Quoi qu'il en soit, ces nouveaux projets nous conviennent. Nous gardons le cap australien mais allons nous poser un peu dans une ile particulièrement isolée avant d'y parvenir... ce qui pour nous est une chouette aventure intermédiaire! Inutile de préciser que c'est bien le parcours qui nous tentait dans l'aventure d'un voyage itinérant en famille, et non tant la destination finale! Il nous reste d'ailleurs encore tout un mois de découvertes, et l'aventure australienne n'est que partie remise!