De retour en Thaïlande, sur la trace des Khmers et tuk tuk à Bangkok
A peine traversée la frontière nous troquons notre « Sabaidee » pour un « Sawadee » et arrivons à la grande ville d'Ubon Ratchatani. Elle n'est pas sur la route touristique entre les iles du sud, Bangkok et Chiang Mai et en cette saison des pluies les gens, surpris de nous trouver là, nous demandaient si on n'était pas perdus... A vrai dire on y a trouvé un accueil enfin plus spontané et curieux que dans le reste de la Thaïlande. Ailleurs, l'habitude du tourisme a sans doute influencé les attitudes plus blasées... Personne ne nous posait de questions, au mieux un « Vous allez où ? » à la pompe à essence. Nous n'avons d'ailleurs pas fait d'amis ou même de connaissances parmi les thaïs. Ceci n'entachant en rien le fait que nous sommes pourtant bien de retour au légendaire pays du sourire...
A Ubon Ratchatani nous avons une bonne surprise : il y a deux ans, un vieux bonhomme a décidé de poser quelques monocycles au milieu de la vaste place centrale en début de soirée. Peu à peu les enfants de passage ce sont intéressés à ces jouets et en une semaine ils parviennent à se débrouiller suffisamment pour être autonomes... Petit à petit l'activité à fait des émules et les familles ont acheté des monocycles de seconde main venant du Japon. C'est maintenant une cinquantaine d'enfants qui se retrouvent là chaque soir et s'entrainent ensemble à tel point qu'ils préparent des spectacles pour la fête de la ville ! Les nôtres, si étonnés de retrouver cette activité, ont passé toute la soirée à s'entrainer avec leur ribambelle de nouveaux copains.
Parti de la ville nous avons remonté la route vers Bangkok en nous arrêtant devant plusieurs des temples khmers construits sur les antiques routes pavées qui les reliaient à la cité d'Angkor. Hélas certains d'entre-eux sont inaccessibles comme le Preah Vihear que nous avons approché, mais à l'entrée du parc on nous confirme : il est sur la frontière avec le Cambodge et fait l'objet de tensions entre les deux pays, actuellement la visite est interdite au public. Nous nous sommes consolés avec le Wat Phanom Ruang ou Mueang et encore Phimai qui donnent néanmoins une très bonne idée de ce que l'on peut encore voir à Angkor. Ces temples sont bâtis selon la même structure, généralement dédiés au culte des dieux Shiva ou Vishnou ils ont un dôme central qui représente le mont Neru, panthéon des dieux hindous. Ils sont entourés de bassins qui représentent les océans. On commence toujours la visite d'en bas, d'où il faut monter sur des escaliers parfois monumentaux, pour symboliser le chemin parcouru de la terre vers le ciel. Et beaucoup sont construits sur des hauteurs avec des vues particulièrement dégagées ou adossés à des montagnes sacrées.
Dans cette dernière ville de Phimai se trouve aussi un des plus grands banyans du monde (le plus grand serait à Calcutta), l'arbre représente un grand bosquet à lui tout seul. Difficile de retrouver l'emplacement de l'arbre originel qu'il a colonisé pour ensuite laisser descendre toutes les branches, devenues troncs qui nous entouraient.
Avant d'arriver à Bangkok, nous avons encore le temps de nous arrêter dans le parc national de Khao Yai qui est au nord est de la capitale. Plus grande réserve naturelle de Thaïlande l'endroit est protégé car il abrite encore des éléphants sauvages. Assez aisé de les apercevoir sur les sentiers qui traversent le parc, c'est un vrai plus de pouvoir y dormir avec son propre véhicule car ils se promènent surtout très tôt le matin, à l'heure où les autres vacanciers sont encore dans leurs Guesthouses à l'extérieur du parc. Mais voilà, à l'entrée on nous dévisage : les véhicules qui font plus de 3T n'entrent pas, on en fait 10 ! Décidemment trop gros pour cette activité là, nous contournons la zone et arrivons rapidement à la capitale.
A l'étude de la carte de la ville il semble que les lieux à visiter soient rassemblés près de la Chao Phraya qui coule au centre de Bangkok. Les embouteillages dans la ville sont réputés terribles à toute heure, celle-ci est conçue pour recevoir 1 million de véhicules mais en compte plus de 7 millions. Le réseau de métro commence au delà de la ceinture du centre ville et s'écarte vers l'extérieur. Si on veut donc échapper à des heures de bus, taxi ou tuk tuk, une alternative semble être de circuler sur la rivière. Nous repérons donc un des plus grands parkings sur la berge en face du centre ville, il se trouve que c'est celui de l'hôpital, il est accessible à tous ; basés là nous faisons donc la plupart de nos trajets en bateau - taxi.
Bangkok est une ville d'eau. Toute sa partie ouest est un grand dédale de canaux (les klongs) au bord desquels habitent une grande partie de la population. Fréquemment inondée, voilà qui explique pourquoi les fils électriques sont tous accrochés en hauteur et non enfouis dans le sol !
Nous avons parcouru les trésors du musée national, finissant de nous éclairer sur les périodes architecturales du pays, puis ceux du musée d'art contemporain dans un style plus psychédélique, l'impressionnant palais royal qui brille de tous côtés et à l'habillement sévèrement réglementé (même les hommes ne peuvent y accéder en short), les plus beaux temples dont le Wat Pho qui contient un des plus grands bouddha couché, le marché aux amulettes, Chinatown, le musée des barges royales où l'on peut se rendre compte du faste que doit représenter une procession devant le palais, les marchés flottants, la maison traditionnelle en teck si bien conservée et décorée de James Thompson, ancien agent de la CIA qui s'est reconverti dans l'importation de soies thaïes en Europe.
A l'heure de quitter Bangkok nous avons enfin plusieurs informations importantes pour nous permettre d'organiser la fin de notre voyage :
Le recours que Nicolas à porté pour que ses diplômes soient acceptés en France a fonctionné, nous allons donc en Nouvelle Calédonie où il est attendu à Nouméa pour travailler le 1er août !! (Et non plus à Ouvéa où nous devions nous rendre en avril, une place s'étant libérée entre temps dans la grande ville).
Nous avons enfin tous les prix et dates des départs de bateaux depuis Bangkok et Kuala Lumpur. C'est beaucoup moins cher de partir de Bangkok mais le trajet dure 10 jours de plus ! Et nous n'avons pas ce temps... Nous espérons récupérer notre camion en Europe et avoir le temps de le vider avant de repartir vers le Pacifique sud. Les jours sont donc comptés et seul l'option de renvoyer le camion depuis Kuala Lumpur vers Zeebrugge nous permet de le récupérer à temps.
Nous entamons donc la route vers la Malaisie et publions dans la foulée l'annonce de vente du camion !
Nos premiers acheteurs potentiels nous répondent très rapidement : à notre grande surprise, il s'agit d'une famille avec 5 enfants qui habite à Kuala Lumpur! Ils souhaitent faire le retour par la route... Notre camion, avec le nombre de couchage qu'il leur faut, arrive donc comme un miracle dans leur vie ! Et si nous pouvions économiser le trajet retour par bateau du véhicule, ce serait un miracle dans la nôtre aussi !
Accélération du rythme donc : nous nous pressons à descendre les 1.300km qui séparent Bangkok de Kuala Lumpur pour leur donner l'occasion de voir le camion et de se décider avant de devoir donner une réponse ferme pour l'envoi par bateau.
A ce moment nous sommes déjà dans le parc national de Phraya Nakhon dans le sud de Bangkok en train de profiter de ce qui semble être notre dernière visite en Asie du sud est. Et elle ne nous déçoit pas, après une randonnée assez musclée, compte tenu du dénivelé qu'il faut affronter, nous parvenons à une vaste grotte qui nous marquera autant que les Niah caves à Bornéo ou que celle de Konglor au Laos... Ici la voûte s'est effondrée et les rais de lumière tombent sur un temple bouddhiste construit dans cet endroit improbable, l'ambiance y est surréelle.
Dernier petit incident du trajet, alors que nous approchions de la frontière malaise, notre ainé a déclenché sans s'en rendre compte l'extincteur qui se trouvait depuis 50.000km devant lui... Nuage blanc dans la cabine, sans savoir d'où elle provenait Nicolas perdait rapidement de la visibilité sur l'autoroute et, heureusement, il a pu se garer très rapidement sur le côté ! En dix secondes nous étions tous blancs et l'intérieur de la cabine aussi !!! Un gros nettoyage et quelques bivouacs bords d'autoroute plus tard, sans finalement profiter de la côte est Thaï et Malaise, nous étions arrivés à Kuala Lumpur, dans l'agréable condo de Laure, David et leurs enfants, qui nous attendaient de pied ferme dans l'excitation générale. De notre côté, nous étions assez émus, car conscients d'avoir faits nos derniers kilomètres avec notre Truck...
Nous avons passé le week-end (de surcroit férié en Malaisie à l'occasion de la grande célébration musulmane et familiale de Hari Raya) à transmettre quantité d'informations sur le camion, le voyage d'une manière générale, le trajet qu'ils prévoient de faire en particulier, et aussi à chercher une solution administrative à la vente. En théorie, il nous faudrait importer le camion en Malaisie et payer les taxes d'importation (particulièrement chères dans ce pays qui est producteur automobile), puis enregistrer le véhicule sachant que le volant n'est pas du bon côté... ce qui laisse présager de fameuses galères. Il faudrait ensuite que cette famille importe de nouveau le camion en France, paie de nouveau des taxes d'importation, et fasse de nouveau homologuer le camion en France. Rapidement nous comprenons que la seule solution serait de faire un contrat à l'amiable pendant la période de leur voyage et une vente définitive en Europe. Mais en tournant le problème dans tous les sens nous n'arrivons pas à tous nous sécuriser avec cette solution. Compte-tenu de la situation, ils changent leurs projets, réalisent qu'en fait ce qui les intéresse le plus c'est la visite de l'Asie Centrale et non de l'Asie du sud est et de la Chine qu'ils connaissent déjà très bien et qu'ils comptaient traverser le plus rapidement possible. Finalement nous arrivons à la conclusion qu'il vaut mieux que nous renvoyons le camion comme prévu en Europe et que nous leur vendions là. Ils entameraient alors une boucle vers l'Asie centrale à partir de la France. L'avantage pour eux est qu'ils auront eu l'occasion de visiter le camion depuis Kuala Lumpur, et l'avantage pour nous est que nous avons rapidement trouvé des acheteurs potentiels...
Avec cet arrangement nous n'avons plus que deux jours avant que le camion ne parte par bateau et très peu de jours à l'arrivée pour le vider! Nous nous lançons donc dans un déménagement à l'intérieur du camion : trouvons des caisses, vidons toutes les armoires, trions ce qui restera en Belgique et ce qui partira avec nous pour l'été ou pour la Nouvelle Calédonie. Nous bricolons aussi encore des petites choses avant de le laisser, pile à temps, à Port Klang pour un départ imminent vers Zeebrugge.
Signés les derniers documents de douanes nous commandons un grand Uber et y engouffrons tout le barda dont nous avons besoin pour l'été direction l'aéroport. C'est de là que nous avons commencé à chercher la meilleure combinaison d'avions pour nous ramener sachant qu'il nous reste encore une petite semaine de libre... Nous avons finalement opté pour un vol vers Dubaï! Parmi les moins chers depuis Kuala Lumpur, pas de visa sur place, et même un cousin qui s'y trouve et qui peut nous loger... et nous prêter sa voiture 7 places !!! What else ?