Sarawak: des nids d'hirondelles à la culture Dayak

Publié le par Johanna

Sortir de Brunei aura été bien plus facile que d'y entrer. On retrouve alors la Malaisie pour se diriger vers la grotte de Niah. Du parking il faut compter le passage d'une rivière et 3km de marche sur des passerelles en bois à travers jungle et insectes pour arriver à l'entrée. Petite balade agrémentée de : "Oh regarde cet escargot qui ressemble à une feuille! Tu as vu cette libellule blanche...? C'est fou ce papillon transparent! Mais on a bien dépassé 100 chenilles là non?".

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En arrivant on découvre une première cavité immense et claire dans laquelle les marchands s'installaient il y a encore quelques années... Et oui, parce que la grotte de Niah est encore "cultivée". Deux tribus sont restées sur un arrangement : les Penans ramassent et vendent le guano des milliers d'hirondelles et chauve-souris qui habitent la grotte, tandis que les Ibans grimpent sur des perches en bambous à 60m du sol pour récolter leurs nids. La cavité des marchands abritait donc les intermédiaires qui venaient acheter ces denrées à la sortie de la grotte pour les revendre ailleurs. Aujourd'hui il existe encore une dizaine de Penans qui récoltent le guano, et lors de notre arrivée nous avons vu deux suants sortir avec des sacs de 70kg chacun, mais il n'y a plus assez de marchandise pour qu'on les attende à l'extérieur.

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Nous poursuivons dans la deuxième partie de la grotte qui s'étend sur 4km encore à l'intérieur de la Terre. L'ambiance est surréelle, des milliers de chauve-souris et d'hirondelles couinent au dessus de nos têtes et on voit à peu près partout des perches en bambous et des cordes accrochées aux parois. En plissant les yeux on parvient après un certain temps à repérer les milliers de petits traits blancs, tout en haut sur les parois: les nids d'hirondelles... Et en restant là encore quelques secondes on parvient alors à distinguer des rais de lumières et du mouvement. Des hommes en fait, qui se sont hissés accrochés à leurs échafaudages de fortune et qui accomplissent un travail qui nous a semblé extrêmement périlleux. En parcourant les 4km, parfois dans l'obscurité totale car la grotte n'est pas aménagée comme en Europe - il faut amener sa lampe de poche et il vaut mieux qu'elle soit bien chargée - on découvre ainsi des dizaines d'hommes suspendus si haut avec leurs frontales qu'on arrive à peine à les apercevoir.

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Très impressionnant cette grotte, d'abord pour sa portée esthétique et parce qu'elle est si vaste. Ensuite parce qu'on y a trouvé les restes des probables premiers habitants de Bornéo qui ont d'ailleurs laissé des peintures rupestres dans une des parties les plus éloignées. Aussi parce que cette balade aux lampes de poches avec des milliers de chauve-souris autour de nous aura bien marqué tout le monde. Et enfin, pour l'observation de ces récolteurs de nids d'hirondelles qui méritent à eux seuls un documentaire...

A la sortie ce sont leurs femmes qui tentent de nous vendre ces trésors. Elles nous expliquent: une fois les nids détachés des parois ils sont tous gris, les plumes sont amalgamées par l'oiseau avec un suc blanc qui sert de ciment. C'est ce qui intéresse, il faut donc les "nettoyer" pour les débarrasser des plumes. En plongeant le nid dans de l'eau tiède et en retirant chaque plume à la pince à épilée il ne reste alors plus que la structure du nid, qui est blanche. Ce sont les restaurants gastronomiques qui les préparent en infusion (on boit en fait une sorte de bouillon dans lequel le nid aura macéré) pour les riches gourmets adeptes de médecine chinoise qui leurs prêtent des vertus médicinales. On a trouvé en ville des boutiques chics, où les hôtesses en tailleurs nous ont donné les prix : 70 euros pour les nids "naturels", 50 euros peur ceux qui proviennent d'élevages d'hirondelles et qui seraient de moindre qualité.

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Après toute cette marche on part encore à l'arrière des grottes à la découverte du village. On y voit nos premières "longhouses", l'habitat traditionnel de Bornéo. Un long bâtiment sur pilotis qui fait office de maison unique pour plusieurs familles, voir tout un village. Coupé dans la longueur, tout l'avant reste ouvert et sert de terrasse ventilée commune qui met à l'abri des insectes et du soleil. A l'arrière, il est séparé en petites cases qui sont les espaces privés. Certaines sont construites sur l'eau pour profiter de la fraicheur et avoir un vivier poissonneux à portée de pêche, d'autres sont construites sur un sol dur et permettent d'entreposer volaille, cochons et mobylettes.

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Nous ne verrons presque que ce type d'habitat en bois ou en matériaux plus modernes, en unique distraction, sur le reste de la Panbornéo qui permet de rejoindre Kuching, deuxième plus grande ville malaise qui se situe côté ouest de l'ile. Route exécrable, en travaux tout du long, deux jours entiers de bosses et cahots seront nécessaires pour rejoindre cette ville. Notre Truck montre d'ailleurs encore des signes de faiblesse: la fêlure de la cabine avant qui s'accentue depuis plusieurs mois atteint des proportions inquiétantes et les freins méritent une révision. Au programme dès que nous serons à Kuala Lumpur.

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Juste avant d'entrer à Kuching, nous bivouaquons dans le deuxième centre de réhabilitation pour orangs outans (et autres) de Bornéo. Une femelle nous a fait le plaisir de sa visite... nous avons encore observé de près à quel point ces singes utilisent leurs quatre membres avec une dextérité si surprenante en la voyant vider une noix de coco après l'avoir cognée jusqu'à ce qu'elle se fende.

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A Kuching nous trouvons une ville marquée par la colonisation anglaise, jolies petites maisons aux corniches plâtrées de décorations occidentales. Au fil du temps sont venues se superposer les lanternes rouges des restaurants chinois ou les pancartes affichant clairement: Indian market. La ville s'est lancée dans un ambitieux projet d'embellissement du front de rivière, on a testé la longue promenade assez agréable qui la longe pour se terminer au pied d'un grand pont aux boucles contemporaines qui change de couleur toutes les dix secondes...

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Avant de quitter Bornéo nous nous offrons un dernier détour vers le village culturel du Sarawak. Un éco-musée où des membres des différentes ethnies du Sarawak, rassemblées sous le nom générique de Dayaks, présentent tour à tour leur cuisine, habitat, costumes traditionnels, instruments, musiques, danses, savoir-faire... Nous y avons passé une grosse journée à tout tester, tout explorer. Le plus amusant étant le jeu de l'Alualu des Melanaus. En rythme il faut sauter selon une chorégraphie précise et de plus en plus rythmée au dessus de bambous actionnés par deux personnes au sol... qui se trompe se cogne les chevilles! Les enfants se sont aussi bien amusés à apprendre à tirer à la sarbacane... Beaucoup savent encore très bien s'en servir et l'utilisent comme instrument de chasse à l'écureuil, au serpent, aux petits mammifères. Nous avons mesuré la complexité de sa fabrication: on creuse patiemment d'un côté, on la retourne à mi-chemin, on creuse patiemment de l'autre côté, et on espère que les deux trous tombent pile face à face! Sinon il faut tout recommencer... Quand aux flèches, elles sont enduites de sève d'Ipoh qui paralysent l'animal le temps qu'il faut pour l'attraper et l'abattre. Arthaud, notre ainé, est devenu rapidement très fort... il atteint le centre de cibles à bonne distance et a passé le reste de la semaine déguisé en Penan (c'est à dire avec un drapeau de prière mongol attaché autour de la taille comme seul habit) à "jouer" à la sarbacane dans le camion. Et dire qu'il est prévu qu'ils rentrent à l'école d'ici la fin du mois!

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Venu le temps de quitter Bornéo nous lavons et préparons le camion pour sa nouvelle traversée maritime: on enlève tout ce qui se vole de la cabine avant et des bacs extérieurs, on vide le frigo, on prépare les sacs, on confie les clés à la compagnie de shipping devant laquelle on a garé le camion... et nous voilà partis pour Singapour le temps des quelques jours de traversée...

Publié dans Bornéo, Malaisie

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