Sibérie, entre garages, bouleaux et Baïkal

Publié le par Johanna

Avec le passage de la frontière russe (sans détails : très simple, assurance (55$), change, et carte sim à la frontière) nous retrouvons rapidement : des arbres, des champs cultivés, de la pluie (18°C début août), des roubles, des maisons en rondin de bois, de très bonnes routes, et de l’essence beaucoup plus chère (52c/l au lieu des 30c/l kazakhs) ! La Russie est un passage obligé pour rejoindre la Mongolie depuis le Kazakhstan, les deux pays ne sont distants que de 60km mais n’ont pas de frontière commune.

 

Notre itinéraire de départ prévoyait que l’on passe par l’Altaï pour rejoindre la Mongolie assez rapidement… mais nous avons obtenu un visa de trente jours pour la Russie (et non un simple visa de transit), Nicolas tenait absolument à voir le lac Baïkal habité par Tesson, nous ne sommes pas en retard pour notre rendez-vous chinois et rester un mois en Russie nous laisse encore plus d’un mois en Mongolie. Dernier argument : les routes mongoles sont très mauvaises et passer plus au nord nous permet d’économiser un peu le véhicule… hésitation… décision : on traverse un bout de Sibérie !

 

La Sibérie occidentale d’abord, avec la ville de Barnaul où nous avons échoué dans une auberge de jeunesse pleine de charme pour les habituelles douches et lessives avant d’aller voir l’Ob.

Sibérie, entre garages, bouleaux et Baïkal
Sibérie, entre garages, bouleaux et Baïkal

Avec un couple d’auto-stoppeurs russes dans le Truck - à jouer de leur djembé aux/avec les enfants - nous rejoignons ensuite Akademgorodok. L’ambiance est très particulière dans cette petite ville créée pour les académiciens dans les années 1950. Très loin de Moscou ou de Saint-Pétersbourg, ils se sont déplacés pour aménager ce « paradis » où ils pouvaient se dévouer à leurs études scientifiques dans un cadre « idéal ». Une mer d’Ob a été créée à l’aide d’un barrage de façon à offrir une plage au bout de la rue. Les maisons, construites par le gouvernement, sont situées à parfaite distance les unes des autres dans une forêt de bouleaux. Les académiciens pouvaient donc tondre leurs pelouses en discutant avec leur voisin de physique nucléaire… Tout est à portée de pieds. La vie y est saine et facile. L’endroit compte encore aujourd’hui le plus d’Instituts de Formation et de Recherche présents dans la même rue.

Sibérie, entre garages, bouleaux et Baïkal
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Au premier matin, Victor est venu frapper à notre porte. Il passait devant le Truck en faisant son jogging matinal et a été attiré par l’odeur du bois qui brulait dans notre poêle (au mois d’août toujours). Il nous a présenté à sa femme Yana, à toute sa famille, à ses amis et nous ne nous sommes pas quittés pendant six jours !! Leur fils Nikita parle très bien anglais et a été un tout bon compagnon de jeux pour les enfants. Ils nous ont offert les fruits et légumes de leurs datchas, des t-shirts de la ville, des spécialités locales, leur temps, leurs traductions, et leurs conseils pour tout le reste de notre traversée sibérienne. Très prévenants et amicaux, ils nous ont montré l’école française et nous ont expliqué que l’on pouvait obtenir des bourses de recherche assez facilement à cet endroit… au cas où on voudrait s’y expatrier. Avec -40°C l’hiver ce n’est pas gagné, mais il faut reconnaître au lieu un réel attrait, et nous comprenons toutes les personnes que nous avons croisées particulièrement satisfaites d’y habiter.

Sibérie, entre garages, bouleaux et Baïkal
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Pourquoi y être resté six jours ? Au détour de la conversation : « Tiens il faudrait que l’on fasse réparer notre chauffage (jusque-là nous avons plutôt dépensé notre énergie à lutter contre la chaleur, mais avec ce nouveau froid on s’est rappelé que notre chauffage ne fonctionnait plus depuis la Turquie), et éventuellement que l’on trouve de nouveaux amortisseurs… » Ils nous ont présenté à leur ami Igor qui connaît tous les mécaniciens de la région. Et l’endroit en est fourni : c’est un gros centre de réparations pour les camions qui font la route de Moscou à Vladivostok. Il nous a piloté au travers de cinq garages, quitte à faire réparer des choses que nous n’avions pas eu le temps de faire réparer avant le départ ! Bilan : nous avons trouvé un amortisseur à la bonne taille qui attendait sagement dans un garage depuis dix ans, réparé le chauffage, changé deux lames cassées, les rotules, déplacé des fils mal situés, fait le gros entretien, ressoudé le pot d’échappement qui se décrochait à nouveau, et refait la soudure du compresseur !

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Pendant ce temps nous avons visité Novossibirsk, troisième ville de Russie - elle a dépassé depuis peu Ekaterinbourg - avec ses bâtiments soviétiques et sa gare dans laquelle passe le transsibérien ! Nous avons rejoint ici son parcours et l’avons suivi pendant 2.200km, soit en passant par 102 gares sur les 990 du parcours ! Profitant du temps donné dans cette ville nous avons aussi été au cirque, de nombreux numéros mettent encore en scène des animaux, le montreur d’ours ayant particulièrement impressionné les enfants.

L'église Saint Nicolas: centre géographique de la Russie des tsars...
L'église Saint Nicolas: centre géographique de la Russie des tsars...
L'église Saint Nicolas: centre géographique de la Russie des tsars...
L'église Saint Nicolas: centre géographique de la Russie des tsars...
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L'église Saint Nicolas: centre géographique de la Russie des tsars...
L'église Saint Nicolas: centre géographique de la Russie des tsars...

L'église Saint Nicolas: centre géographique de la Russie des tsars...

Avec notre Truck relifté nous sommes partis vers Tomsk, petite ville avec de belles maisons anciennes en bois où nous attendait Sacha, encore un ami de Victor et Yana, pour nous faire visiter.

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Nous avons passé les 20.000km parcourus juste avant l’entrée en Sibérie Orientale, dont la grande ville de Krasnoïarsk créée par les cosaques a été citée par Jules Verne : Michel Strogoff y est retenu prisonnier. A cet endroit on passe un deuxième grand fleuve russe, le Ienisséi… à regret nous n’avons pas eu le temps de faire la « croisière » si peu touristique qui part de cette ville vers le nord. Une vraie expédition qui permet de rejoindre le cercle polaire arctique que quelques jours en été, lorsque la glace fond pour laisser passer un bateau. Elle donne aussi l’occasion de prendre la ligne de chemin de fer la plus septentrionale au monde, construite sur des « glaces éternelles », à la rencontre des Evenks. En revanche nous avons profité de la réserve naturelle des Stolby, paradis des alpinistes qui viennent grimper des formations géologiques aux noms poétiques (plumes, lion, grand-père, etc.) qui parsèment la taïga.

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Le route est alors bien longue pour rejoindre Irkoutsk, s’enchainent des milliers de bouleaux et de sapins. A cette occasion nous avons fait une grande semaine de révisions en prévision de la rentrée scolaire… nous avons voulu passer les examens avant la rentrée pour être bien sûrs d’être à niveau. Beau décor également pour y fêter mes 38ans ! Par chance, l’excellent réseau internet et les gigas très peu chers nous auront même permis de faire des soirées cinéma autour des classiques : Docteur Jivago, Le dernier des tsars, etc.

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Avant même d’entrer dans Irkoutsk nous repérons un garage Iveco sur le bord de la route ! Bien qu’il soit dimanche nous tentons notre chance… il y a quelqu’un et il nous renseigne : le deuxième amortisseur reste introuvable mais ils peuvent réparer un des deux anciens cassés… on prend ! Rendez-vous fixé pour le lendemain. Voilà qui nous laisse de nouveau le temps de visiter la ville : pleine de charme, d’innombrables maisons en dentelle de bois, très animée, des bulbes dorés et colorés partout et l’Angara qui traverse la ville sur laquelle flotte encore un des plus anciens brise-glace.

 

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Puis vient le problème de la tique. Avec notre changement d’itinéraire, nous passons par des zones imprévues dans nos consultations du voyage d’avant départ. Nous ne sommes donc pas vaccinés contre l’encéphalite à tiques or la Sibérie est infestée de tiques porteuses. Les habitants sont très attentifs à ne pas mettre un pied dans les hautes herbes, mettent les chaussettes au-dessus du pantalon et vaporisent un répulsif sur le tout ; ils surveillent au quotidien qu’ils n’en ont pas. Lorsqu’ils se font piquer ils vont dans des « centres de diagnostic de tiques » spécialisés qui enlèvent la tique et l’analysent, si elle est porteuse (de l’encéphalite ou de la maladie de Lyme) ils font une prise de sang, et le cas échéant reçoivent des médicaments immédiatement. Malgré les précautions nous trouvons une tique sur notre dernière, et passons donc une demi-journée à trouver le centre ad hoc pour l’analyse. Par chance, il s’agissait d’une tique non porteuse.

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Sachant tout le monde en bonne santé et avec deux amortisseurs en bon état de fonctionnement nous voilà enfin prêts à rejoindre le lac Baïkal sur sa rive sud ! Plus grande réserve d’eau douce au monde il héberge un poisson qui ne vit que là : l’Omul. Nous l’avons gouté sous toutes ses formes : fumé, séché, séché et fumé… Malgré son eau à 12°C (re-au mois d’août toujours) Nicolas aura quand même fait une petite trempette jusqu’à la taille !

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Quittant le lac nous rentrons dans la République autonome de Bouriatie, dont la population a conservé une identité forte et sa propre langue. La capitale Oulan-Oude présente un écomusée avec les différents types d’habitats ainsi qu’un zoo avec les animaux de la région. Parmi les loups, ours, yacks, renards, biches, daims, ratons-laveurs, aigles de Sibérie, nous avons aussi vu pour la première fois un léopard des neiges ainsi qu’une zibeline ! Nous avons aussi visité le musée national de la Bouriatie en même temps que les écoliers à l’occasion de la rentrée ! Enfants en uniformes impeccables : chemises blanches, collants blancs, chaussures blanches, nœuds blancs identiques, robes bleues marines pour les filles, garçons assortis. La rentrée est aussi la journée nationale de la connaissance en Russie, c’est une grande fête et chaque classe effectue son lancer de ballon ! A cet endroit l’ambiance change déjà : la physionomie des habitants est toute différente, les visages s’arrondissent, les yeux se brident, et surtout, apparaît une nouvelle religion. L’orthodoxie fait place au lamaïsme tibétain. Religion appartenant au bouddhisme, les grands temples principaux de Russie se trouvent à 30km de la ville. Nous avons fait une très intéressante visite en anglais lors de laquelle nous en avons appris les notions principales.

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Nous profitons encore d’un point d’eau potable pour remplir les bidons ; et de supermarchés achalandés pour faire un dernier gros plein de courses et, notre visa expirant le jour même, nous voilà en route pour la frontière de la Mongolie!

Sibérie, entre garages, bouleaux et Baïkal

Publié dans Russie

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L
Passionnant de vous lire ! Que de belles rencontres...<br /> Merci pour le partage. <br /> Bonne route...
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M
Formidable les amis!<br /> Biz à tous et joyeux anniversaire russe à Joanna.<br /> <br /> Max
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M
Quelle aventure fantastique!
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M
Chers tous,<br /> <br /> Après avoir vu Nico à l'œuvre dans le lac Song Kul, je ne crois pas une minute à sa trempette sibérienne!<br /> <br /> Vous me faites continuer le voyage, merci, et ne rentrez pas avec des regrets, foncez!<br /> <br /> Je vous embrasse tous fort,<br /> <br /> Marie
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H
quel bonheur de lire vos aventures....<br /> bises à tous les 6
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F
Que dire à nouveau devant toutes ces belles découvertes !<br /> On voyage un peu avec vous, de loin. <br /> Que notre quotidien semble fade.<br /> Vivement la prochaine étape.<br /> Bises à toute la famille
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S
Quelle merveilleuse aventure!!!! <br /> J'adore....ça fait rêver :-)<br /> Merci pour le récit de vos aventures et decouvertes c'est genial.<br /> A bientôt pour de nouvelles aventures <br /> Bisous
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